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Résilience économique et sociale

Pour la première fois de l’histoire de la Tunisie indépendante, la Place Mohamed-Ali, un espace de militantisme syndical chargé d’histoire, sera déserte un 1er mai. Confinement oblige, les rassemblements et les autres formes de manifestations sont interdits. Certes, la mobilisation des syndicalistes sur les réseaux sociaux sera forte et il est certain qu’ils vont envahir la Toile pour marquer cette date avec leurs revendications. Mais avec cette pandémie, quelque chose a changé dans le monde et en Tunisie.  Avec l’arrêt des activités économiques, des milliers d’emplois devraient passer à la trappe et replonger les travailleurs licenciés dans les affres du chômage et la précarité, creusant davantage le fossé des inégalités existantes.

Mais la crise a aussi subitement révélé les failles du modèle de développement tunisien et les limites de son système de santé publique qui a  été fragilisé par des politiques d’austérité. De plus, l’érosion des droits des travailleurs a été mise à nu avec des employés sans couverture sociale adéquate qui leur permet de bénéficier des mesures d’aide mises en place par le gouvernement. Les femmes, les travailleurs migrants, les minorités ethniques, ainsi que toutes les autres victimes de la discrimination, sont terriblement menacés, nombre d’entre eux étant en situation de dénuement.

A cet effet, l’antidote proposé par l’Ugtt dans cette crise fut la solidarité, laquelle constitue l’ADN des syndicats depuis le début de leur histoire jusqu’à aujourd’hui. Le gouvernement en a peut-être abusé en promulguant un décret-loi qui autorise le prélèvement d’une journée de travail calculée sur l’ensemble des émoluments des salariés, ce qui rend la facture salée pour les travailleurs, mais cela ne doit pas constituer un prétexte pour déclarer les hostilités. Car après le déconfinement, les défis qui vont se poser au pays et à l’ensemble du peuple sont incommensurables. C’est pourquoi il faut persévérer dans cet esprit de dialogue serein et responsable pour se pencher sur la priorité des priorités qui est la santé des Tunisiens. En effet, la centrale syndicale devrait œuvrer pour mobiliser des investissements massifs dans les services de soins et de santé publique pour garantir que l’ensemble de la population y ait accès. Enfin, pour que nul ne soit laissé pour compte, il faut que la question du respect intégral des droits de tous les travailleurs soit au centre de la reprise, des réformes envisagées et de la résilience économique et sociale.

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2 Commentaires

  1. Dr. Ezzeddine Moudoud

    1 mai 2020 à 22:06

    Merci si Chokri…Vous parlez le language de la raison…en tant que vrai patriote…comme Hached, Bourguiba, Ben Achour, Ben Salah, Taieb Mhiri, Mongi Slim, Ali Trad et bien d’autre patriotes…, en ce jour de mémoire sacré pour tous nos martyrs, nos travailleurs qui ont donné leurs vies pour la mère patrie, et construire nos chemins de fer sous l’occupation, et pas seulement en Tunisie… Mais qui se rappellent d’eux? J’ai découvert avec ‘horreur » depuis 2011 que beaucoup de nos jeunes, ne savent même pas qui est HABIB BOURGUIBA…

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  2. Dr. Ezzeddine Moudoud

    2 mai 2020 à 00:20

    PS: pourquoi, nos frères « turks », n’aiment pas BOURGUIBA…la Turquie est un pays frère, mais les Tunisiens,. n’aiment pas êtres « traités », comme des chiens…En Palestine…toujours occupée, Edward Said, sait qui est la Tunisie de BOURGUIBA….

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